Comme dans toutes les écoles, qui sont finalement des sociétés en construction, des élèves peuvent avoir des désaccords, et particulièrement pendant les récréations. Lorsqu’un conflit éclate à Etinç’ailes, nous prenons toujours le temps de le prendre en compte.
En fonction de la disponibilité des adultes et des émotions des enfants en question, nous choisirons soit de commencer la médiation immédiatement, soit de la remettre à plus tard.
Un enfant dont le conflit est resté en suspend peut avoir du mal à se concentrer pour le reste de la matinée/journée car son esprit est préoccupé et cela le gêne à se recentrer sur le travail demandé. Si la configuration le permet, nous choisissons généralement pour cette raison de commencer la médiation immédiatement.
Dans ces cas-là, il est nécessaire de laisser aux enfants au préalable, le temps de se calmer, d’apaiser leurs émotions.
Pour cela, nous leur proposons différentes techniques : souffler sur notre main, faire un tour
de la cour en respirant profondément, taper du pied, faire de la cohérence cardiaque ou un petit temps de méditation ou, si le chien de l’école est présent, le caresser pour s’apaiser.
Au contraire, si nous sentons que les enfants peuvent gérer momentanément leurs émotions à propos de ce conflit ou si l’adulte n’est pas disponible, nous reportons ce temps de médiation un peu plus tard dans la journée, voire le lendemain.
Cela permet de reparler du conflit avec moins de passion car les émotions sont moins présentes et ainsi d’avoir une conversation apaisée et constructive, à la fois pour gérer le conflit en question mais également pour ancrer cette bonne pratique dans le temps et ainsi pouvoir la transférer à un désaccord ultérieur.
Mais concrètement, que faisons-nous ?
Dans un premier temps, les protagonistes sont rassemblés et doivent,
à tour de rôle expliquer leur vision due la situation.
Les faits
Celui qui parle doit être le plus factuel possible, sans interpréter et sans utiliser de généralisation (« tu es toujours… », « c’est jamais… » « ils sont tous… »). Pendant ce temps, l’autre enfant écoute, sans interrompre ni surenchérir.
Il est très important de s’isoler pour cette phase, afin d’éviter que d’autres enfants ne viennent interférer et ainsi permettre aux deux élèves d’avoir le temps nécessaire pour exprimer leur version.
Il est souhaitable de laisser un temps suffisamment long, quitte à ce qu’il y ait des moments de silence. Cela permet effectivement de donner à celui qui s’exprime, une réelle impression d’écoute et la possibilité d’extérioriser tout ce qu’il souhaitait dire.
Pour aider cette première étape de la médiation, l’adulte veille au respect des règles de parole, ne s’immisce pas dans ce que veulent dire les enfants mais il peut recadrer si l’un d’eux généralise, surenchérit ou utilise un ton inapproprié.
Les émotions ressenties
Une fois les faits exposés, les enfants expriment les émotions qui les ont traversés lors de ce conflit. L’adulte peut alors aider l’enfant à exprimer ce qu’il ressentait, quelle émotion l’a fait agir de la sorte, quel était son besoin non satisfait à ce moment-là.
Une fois que chaque protagoniste a pu s’exprimer sur les faits qui ont déclenché ce désaccord et sur ce qu’il a ressenti, nous passons à la phase de réparation.
La réparation
Chaque enfant pose alors à l’autre la question « qu’est-ce que je peux faire pour que tu ailles mieux ? » Et l’autre de répondre « j’ai besoin d’un peu d’eau sur mon écorchure », « j’ai besoin que tu me laisses seul », « je veux bien que tu joues avec moi », « j’ai besoin que tu me dises pardon », etc.
Les deux enfants vont ainsi exprimer leur besoin du moment pour pouvoir retrouver un équilibre émotionnel.
La phase de résolution peut alors débuter.
La résolution
Les enfants entre eux, avec l’aide de l’adulte si nécessaire, vont chercher une solution ensemble qui pourrait leur convenir à tous les deux. L’idéal est que l’adulte n’intervienne pas et que les enfants trouvent eux-mêmes le compromis. C’est souvent un petit peu difficile les premières fois mais peu à peu, ils réutilisent les solutions proposées précédemment ou en trouvent de nouvelles, tout seuls et en sont très fiers.
Certains de nos élèves sont très aguerris dans cet exercice et peuvent prendre la place de l’adulte médiateur et ainsi aider les enfants à devenir autonomes dans leur gestion des conflits.
A force de reproduire cette mécanique, les enfants parviennent de plus en plus à éviter les conflits, ou du moins à les résoudre plus facilement, en ayant de moins en moins la nécessité de recourir à un adulte.
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