« Impossible !» pensez-vous, l’école, c’est fait pour apprendre à lire, écrire, compter et réfléchir. Mais pas le lieu des émotions !
Pourtant, Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neuroscience cognitive de l’éducation, nous dit que l’école doit relever le défi « d’être le lieu de développement des compétences socio-émotionnelles : l’altruisme, la coopération et toutes ces compétences fondamentales pour le XXIème siècle, qui nous permettront peut-être à l’avenir de mieux faire face aux différents types de crises. »
Alors, comment faire ?
Que sont les compétences socio-émotionnelles ?
Comme nous l’avons vu dans notre article précédent (5 questions à propos de l’intelligence émotionnelle à l’école avec Chloé Coffy), les émotions font partie intégrante de notre vie et accéder à ses propres émotions, les comprendre et comprendre ce qui nous « touche » dans une situation puis agir et interagir à la lumière de ces émotions, c’est tout cela que l’on appelle l’Intelligence émotionnelle. En couplant cela avec la connaissance des relations, la gestion des conflits et la coopération, vous avez la définition des compétences socio-émotionnelles.
Pour entrer plus dans les détails, il existe différents niveaux au sein de ces compétences.
1) Savoir les nommer, identifier nos propres émotions, repérer leurs manifestations dans notre corps (par exemple : quand j’ai peur, je ressens une contraction au niveau de mon estomac). Autrement dit, la connaissance des émotions
2) Savoir adapter la manifestation de ses émotions à chaque situation (par exemple : ne pas se mettre à pleurer à chaudes larmes parce qu’un bon moment se termine). C’est ce qu’on appelle la maîtrise des émotions
3) Être capable de remettre à plus tard la satisfaction d'un désir, accepter la frustration ou réprimer ses pulsions (par exemple, ne pas doubler toute une file d’attente, même si on en a terriblement envie). Howard Garner parle de l'auto-motivation
4) L’empathie (par exemple : comprendre et accepter que quelqu’un de triste n’a pas envie d’en parler). Il s’agit de la perception des émotions d'autrui
5) L’aptitude à entretenir de bonnes relations avec autrui (par exemple : savoir adapter son discours à l’auditoire, accepter de ne pas toujours être le premier, etc.) relève de la maîtrise des relations humaines
En partant de ce principe, il est aisé de deviner que l’Intelligence émotionnelle peut être enseignée à l’école.
Il faudrait pour cela, par exemple :
· Travailler le vocabulaire des émotions
· Apprendre aux enfants à exprimer leurs émotions
· Recueillir les émotions d’un enfant lorsqu’il les exprime
· Faire le lien entre émotion et manifestation physique
· Travailler sur la frustration
· Développer l’empathie chez les enfants
· Enseigner l’art de faire des médiations lors des conflits
· Prendre en compte les ressentis de l’enfant lors des conflits
· Apprendre la coopération et la valoriser
Il est donc tout à fait possible et souhaitable d’enseigner les émotions à l’école.
Mais La théorie, c’est bien, mais pas suffisant ! Les émotions se vivent, s’expérimentent, se domptent puis reprennent le dessus, s’analysent, nous surprennent. Il est alors indispensable de prendre le temps, de prendre du recul et de revenir sur ce qui s’est passé, analyser et imaginer des solutions qui auraient pu être apportées.
Tout cela contribue à la connaissance de soi, à la découverte de ses capacités humaines et renforce la confiance en soi. Et vous me dites qu’il ne faudrait pas l’enseigner à l’école ???
A Etinç’ailes, cela nous semble primordial. Pour en savoir plus : l’école autrement https://www.ecole-etincailes.com/leprojetdecoleautrement
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